T'as le scoop, Coco !
Le règne absolu de l’information minute, le prêt à penser de la restauration médiatique, est maintenant devenu une norme indépassable. Le scoop et le buz ont remplacé la véritable actualité et trônent maintenant, triomphants, dans toutes les salles de rédaction.
Et, pour compléter ce tableau peu reluisant, les journalistes nous abreuvent d’analyses et de « décryptages », comme si le bon peuple avait besoin d’un interprète pour comprendre ce langage médiatique édulcoré, véritable bouillie consensuelle.
Grâce à ce système, la censure est devenue inutile : enfermés dans les limites de la bien-pensance, les acteurs médiatiques deviennent les relais accrédités d’une classe politique qui peut se permettre tout et n’importe quoi. On sait que la mémoire est volatile, un scoop chasse l’autre, et le fond n’est jamais important.
A l’image des banques qui mélangent activités de dépôt et de spéculation, les journalismes d’opinion et d’information sont maintenant étroitement imbriqués et montrent rarement leur vrai visage ; mélangeant sondages et affirmations péremptoires, ils dessinent généralement un horizon qui distord de manière subtile la notion de réel.
Le désaveu de plus en plus grand de la population vis-à-vis du conglomérat médiatique est une réaction saine, une prise de conscience libératrice. On ne veut que les faits et les vrais chiffres, car l’analyse et la compréhension de la marche du monde ne sont pas l’apanage d’une caste méprisante.