Je vais être très méchant. C’est un avertissement utile, pour toutes les bonnes âmes qui pourraient être choquées par mes propos d’une abominable outrance. Je dois également signaler que je n’ai rien contre la bien-pensance, le vide total inhérent à cette notion me laissant au mieux pensif, et au pire avec une forte envie de dormir.
Dernier avertissement : je me contrefiche des statistiques, des chiffres et des sondages. Je pense donc j’y suis.
Depuis quelques mois, j’entends par la bouche de nos politiques et de nos journalistes, une formule qui m’interpelle : « Le Vivre Ensemble ». Etant d’une nature certes belliqueuse, mais néanmoins curieuse, je décidais de relever les phrases dans lesquelles ce terme mystérieux était employé.
Je ne citerais pas ici l’ensemble des propos ou des écrits concernés, mais il apparait que le sens général de cette expression est assez précis, en fait, et qu’il incite l’ensemble des citoyens à vivre en bonne harmonie avec leurs coreligionnaires. Dans une version plus directe, employée généralement dans un débat politique, le fait que les voisins aient des habitudes culturelles et religieuses différentes est très largement suggéré.
Le vivre ensemble à Mantes-la-Jolie sera probablement différent du vivre-ensemble à Monaco.
La notion en elle-même semble partir d’un bon sentiment, voire d’une évidence : tu essaies toujours de t’entendre avec tes voisins, et tu évites les rafales de phalanges et les bourres-pif. Soit.
Seulement, dans la bouche de certains humanistes de comptoir, le vivre ensemble est maintenant asséné comme un dogme, une obligation, une loi morale incontournable. T’es contre le vivre ensemble, toi ? T’es un facho, un raciste, une vermine.
Dans les faits, je vis à coté de qui je veux, j’ai les voisins que je veux, et je parle à qui je veux. Le vivre ensemble philosophique est un concept intéressant et qui tend vers l’utopie sociale, le vivre ensemble doctrinaire et imposé est une tyrannie imbécile et contre-productive.
Personne ne m’imposera de vivre à coté de gens que je n’aime pas, personne ne me forcera à accepter des gros cons chez moi. Ceux qui, pour des raisons économiques, ne peuvent pas faire ce choix, doivent compter sur leur bonne fortune pour tomber sur des endroits vivables. Et si vous souhaitez aller leur parler du vivre ensemble et de la fraternité universelle, prévoyez un nécessaire de premiers secours, vous en aurez l’usage.
Pour l’instant, il est nécessaire de rappeler à nos hommes politiques et aux journalistes accrédités une notion un peu perdue de vue, qui leur semble visiblement dépourvue d’intérêt : la réalité. En effet, malgré la surabondance de bonnes intentions dans leurs discours, malgré les slogans subliminaux, les français vivent déjà ensemble, mais pas aux mêmes endroits.